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metamorphoses
10 juin 2012

Orphné, Déméter, Ascalaphe et la naissance du hibou

Nymphe du lac d’Averne, Orphné était l’une des plus belles divinités. Elle épousa le dieu fleuve Achéron, aux sombres rivages et aux flots amers, que Zeus précipita dans le Tartare pour avoir étanché la soif des Titans. Des amours d’Orphné et de l'Achéron, naquit Ascalaphe qui devint l'intendant des mines d'Hadès et son fidèle officier. Après l’enlèvement de sa fille Perséphone par le souverain des morts, Déméter, déesse nourricière, conjura Zeus de lui rendre sa fille. Sensible à sa peine, il accepta le retour de Perséphone pourvu qu'elle n’ait rien mangé dans le vaste empire des morts. Cependant, les lois du Destin en décidèrent autrement. Ascalaphe rendit impossible le retour de la jeune déesse sur Terre en dévoilant à Zeus avoir vu Perséphone rompre son jeun imposé par les Parques, en portant quelques grains de grenade à ses lèvres. Les termes de l'accord furent donc changés, et le roi des dieux décida que Perséphone devait passer six mois de l’année dans les ténèbres éternelles près d'Hadès son mari et l’autre moitié sur Terre en compagnie de sa mère. Indignée de cette indiscrétion, Déméter vengea sa douleur en jetant de l'eau bouillante du Phlégéthon à la figure du cruel délateur, le changeant aussitôt en hibou. La déesse Athéna prendra sous sa protection cette sinistre créature aux funestes présages et aux cris lugubres qui veille la nuit et l'avertit au moindre bruit !

Ascalaphus is turned into an owl. Engraving by Johann Ulrich Krauß, 1690.


MAGIE VERTE, les herbes et les arbres enchantés


Ces œuvres sont protégées par une certification CLEO qui confère à son auteur une date de création certaine sur son œuvre. Une signature numérique atteste de cette antériorité. Elle est soumise aux dispositions du Code de la Propriété Intellectuelle. Toute reproduction ou représentation totale ou partielle doit faire l’objet d'une demande d'autorisation auprès de l’auteur. Concept et titres déposés et enregistrés à l'INPI : Institut National de la Propriété Industrielle.

23 mai 2012

La métamorphose de la nymphe Syrinx en roseau

Fille du dieu fleuve Ladon et compagne favorite des hamadryades, Syrinx se consacrait toute entière à l'exercice de la chasse auprès de la déesse Artémis. Les bras armés de son arc d’ivoire et de son carquois, elle parcourait les forêts verdoyantes et les monts enneigés de l’Arcadie. Cette nymphe chaste d’une éclatante beauté, qui n'éprouvait ni l’amour ni ses charmes, était sans cesse pourchassée par les divinités des bois et des vergers. Mais son pas vif et agile lui permettait de résister aux désirs de tous et de leur échapper. Un jour pourtant, le dieu Pan aperçut la naïade, la désira et lui avoua son amour avec empressement. Syrinx, effrayée par ces ardeurs le repoussa et prit la fuite à travers champs. Arrêtée dans sa course folle par les eaux, elle supplia ses sœurs les naïades de la transformer en roseau. Aux abords de la rive, Pan crut saisir la belle mais n’enlaça qu’une brassée de joncs agités par les vents. Penché au-dessus de l'onde, le dieu soupira et entendit dans le murmure des eaux, un son mélodieux et charmant. En exhalant son âme et ses derniers sanglots, la triste nymphe fit naître un air nouveau ! Le dieu Pan assembla alors, avec de la cire d'abeille, sept roseaux de longeurs inégales résonnant des plaintes de Syrinx et créa un nouvel instrument !

Pan et Syrinx, 1722/1724 - Jean-François de Troy


 

MAGIE VERTE, les herbes et les arbres enchantés


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1 mai 2012

La nymphe Echo et Narcisse

Echo était une oréade volubile qui distrayait la reine de l’Olympe par de longs discours habiles pour favoriser les infidélités de Zeus. Elle fut condamnée par cette dernière, instruite de cette perfidie, à ne plus jamais parler la première et à ne répéter que la fin des mots. Un jour pourtant, la nymphe soumise au silence rencontra le jeune Narcisse errant au fond des bois. Intriguée, elle le suivit pas à pas. Ce jeune éphèbe dont la beauté n'avait point d’égal, était fils de la nymphe Liriope et du fleuve Céphise. Curieuse de la destinée de son enfant, Liriope consulta l’oracle qui lui prédit qu’il vivrait fort longtemps, s'il ne se voyait pas lui-même, menaçant même Narcisse d'une mort soudaine s'il approchait des fleuves, des lacs, des étangs et des ruisseaux. Parvenu à l'adolescence, le fier Narcisse au cœur farouche que l'on ne pouvait voir sans l'aimer, fuyait les nymphes et leur amour, préférant poursuivre le cerf et le sanglier dans les forêts. Echo séduite et passionnément éprise, s'approcha timidement du jeune homme et soupira. Prête à lui révéler son amour secret elle ouvrit la bouche qui lui refusa la parole. Confuse et honteuse, la nymphe désemparée versa des sanglots silencieux que Narcisse ne pensa même pas à sécher. Déconcerté devant tant de chagrin, il rejoignit ses compagnons, la laissant seule dans la forêt. Eperdue de douleur, elle se consuma de tristesse dans les bois, il ne resta d'elle que sa voix. La nymphe solitaire devint un son impalpable qui retentit dans les airs et son corps élancé, desséché par les regrets, se changea peu à peu en rocher. Ses compagnes, émues par son triste sort et victimes elles-mêmes de la froide indifférence de Narcisse, prièrent l'Amour de les venger. Le dieu exauça leur vœu et conduisit le jeune Narcisse, tourmenté par la soif après une longue partie de chasse, près d'une source isolée. Tandis qu'il se penchait, le cristal de l'eau lui renvoya son reflet. Couché sur la rive il contempla, immobile, la beauté de son image qui lui inspira aussitôt une étrange folie. Il tendit les bras et demeura en extase devant son reflet sans pouvoir détacher ses yeux du miroir des eaux. C'est ainsi que l'orgueilleux Narcisse, éperdu d'amour pour lui même, se précipita dans l'onde et s'éteignit pour toujours sous les yeux de l'Amour en donnant naissance à une fleur délicate qui meurt la tête penchée. Les nymphes éplorées qui se crurent trop vengées, versèrent des larmes amères en cherchant partout le corps de Narcisse sur la rive. Au milieu des herbes humides, elles ne trouvèrent qu'une fleur charmante flottant sur les eaux. Depuis, on dit que cette jolie plante est liée à la mort et qu'elle provoque l'engourdissement des sens. On prétend aussi que l'ombre de Narcisse se penche toujours et ne cesse de s'admirer dans les eaux glacées du Styx, le fleuve aux vapeurs délétères qui ceint neuf fois par ses méandres les Enfers !

Echo and Narcissus - John William Waterhouse, 1903.

Echo, 1874 - Alexandre Cabanel.


MAGIE VERTE, les herbes et les arbres enchantés


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29 avril 2012

La métamorphose de la nymphe Daphné en Laurier

La chevelure flottant au gré du doux Zéphyr, Daphné arpentait les forêts, méprisant les hommes et leurs désirs. Apollon, rempli d’orgueil de sa victoire sur le terrible serpent Python, rencontra sur son chemin Cupidon armé de son arc et se moqua de son pouvoir et de son empire. Mais la gloire d’Apollon est bien inférieure à celle de Cupidon, car dans son carquois se trouve des traits cruels qui repoussent l’amour tandis que d'autres, en or, troublent l’esprit et la raison. Pour se venger de cet outrage, l'Amour lança du haut de son nuage dans le cœur d'Apollon un trait doré et Daphné reçut dans l’âme un trait de plomb. Ne pouvant modérer ses ardeurs en voyant la belle naïade, Apollon se lança à sa poursuite. Insensible, Daphné l'évita en prenant la fuite. Cependant, la nymphe épuisée par cette course insensée, implora son père, dieu du fleuve Pénée, de la sauver. Soudain, les pieds de la naïade s’enracinèrent, son corps s'engourdit d'une écorce légère, ses bras tendu vers le ciel devinrent de tendres rameaux et ses longs cheveux se changèrent en un feuillage au vert éternel qui ne fane jamais. Apollon détacha alors une branche qu’il tressa en souvenir de son premier amour et consacra le laurier à la gloire des plus fameux guerriers et le réserva aussi, aux talents et aux génies. On prétend que cet arbre fait voir en songe la vérité. Depuis, les devins mâchent les feuilles du laurier avant de prophétiser !

Apollon et Daphné, par Tiepolo (v. 17431744).


 

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17 mars 2012

Circé, magicienne de grand talent !

Virtuose dans l’art des métamorphoses, Circé transformait les gens par sa voix et ses enchantements. Cette fille du Soleil, capable d'un simple geste d'assombrir le front de son père d’un voile nébuleux et de convoquer les dieux de la nuit infernale, habitait une île fascinante recouverte de plantes malfaisantes. Sa connaissance de chaque herbe et sa maîtrise des charmes les plus funestes, lui permettait d'asservir quiconque osait l’importuner ou ne cédait pas à sa volonté. Ainsi, Picus, fils de Saturne, qui s’était égaré sur ses terres, fut changé en pivert pour avoir eu l’outrecuidance de repousser ses avances. Les compagnons d'Ulysse qui exploraient l’île d’Ééa, furent saisis d'un grand effroi en arrivant aux portes du palais de Circé. Majestueuse et inquiétante, la déesse trônait entourée de nymphes et de mille bêtes sauvages se pavanant à ses pieds. Ces pauvres créatures asservies, n'étaient autres que des marins métamorphosés, autrefois, par ses philtres et ses brouets. Cependant, elle fut aimable et accueillit les hommes assoiffés en leur offrant un breuvage enchanté où elle mêla un poison secret. Tandis qu’ils buvaient sans méfiance, Circé effleura leur front de sa redoutable baguette. Les compagnons du célèbre héros se transformèrent aussitôt en vils pourceaux ! Terrifié, Euryloque qui s’était dérobé à la vue de Circé, avertit son maître sans tarder. Pour contrer les sortilèges de la déesse, Ulysse se muni, sur les conseils du dieu Hermès, d'une plante étrange à la racine noire et aux fleurs blanches comme le lait, nommée Moly. Fort de cet antidote, il triompha de Circé en repoussant de son épée la coupe empoisonnée et la baguette magique de cette enchanteresse maléfique. Vaincue, Circé abandonna ses funestes intentions et reçut chaleureusement Ulysse et ses compagnons. Séduits par la troublante magicienne, ils ne reprirent leur route qu'au bout d’une année. Un jour pourtant, l’heure du départ sonna. Circé donna alors à Ulysse les clés du chemin des Enfers d’Hadès pour que l’ombre du devin Tirésias prophétise son avenir. De retour de son voyage dans le royaume des morts, Ulysse écouta avec attention les prédictions de Circé qui le conseilla sur les dangers à éviter en lui dévoilant comment ne pas succomber au chant ensorcelé des sirènes, qui provoque l’oubli de soi-même. Au petit matin, élançant son navire sur les vagues agitées, Ulysse reprit son épopée en s'éloignant de l’île de la divine Circé. La déesse murmura des paroles mystérieuses et souffla dans les voiles un vent léger qui porta Ulysse par-delà les mers vers sa destinée. De leurs amours naquirent Télégonos, Agrios et Latinos ainsi qu’une fille, Cassiphoné. On prétend que Circé, élevée au rang des divinités sur l’ile d’Ééa, était vénérée. Mais on affirme que les dieux lui refusèrent l'immortalité en raison de sa malfaisance et de ses mœurs dépravées !

Circe and her Lovers in a Landscape - Dosso Dossi, 1525.

Boccace, Des claires et nobles Femmes
France, Paris, XVe siècle. Traduction anonyme
Paris, BNF, département des Manuscrits, Français 598, fol. 54v.

 

Circé, la magicienne, désirant garder le héros Ulysse près d'elle, jette un sort à ses compagnons qui sont transformés en porcs. Dans ce manuscrit, l'artiste anonyme a choisi de leur laisser une apparence humaine pour changer leurs têtes qui sont celles de porcs sauvages.


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28 février 2012

Les Enfers d'Hadès et la mystérieuse Hécate, souveraine des arts de la magie

Le ténébreux Hadès et la sombre Perséphone, règnent sur le monde souterrain. A leurs côtés, trône la Mort aux ailes noires et au visage pâle. Inexorable et terrifiante, elle aiguise sans cesse sa faux tranchante. A l’entrée des Enfers, l’effroyable Cerbère aux gueules béantes et à l’échine hérissée de reptiles, veille sur les âmes qui entrent sans retour dans le palais de la Nuit. Au plus profond des entrailles de la Terre se trouve le Tartare, séjour des âmes criminelles qui ont enfreint les lois divines. Dans ce gouffre insondable, les parjures et les scélérats sont livrés aux Erinyes vengeresses qui n’auront de cesse de tourmenter les meurtriers par le remord et le fouet. Les Parques demeurent près d’Hadès et décident du sort des humains. L’une file leur destin, l’autre tient la quenouille et l’ainée coupe le fil de la vie, même les dieux ne peuvent arrêter ce qu’elles ont entrepris ! Mais la plus remarquable des déesses infernales est sans doute la mystérieuse Hécate à la triple tête couronnée de rameaux de chêne et de vipères entrelacées. Cette divinité qui détient la clef des abîmes, commande au Ciel, à la Terre et aux Enfers. Accompagnée des nymphes Lampades armées de flambeaux ardents, Hécate apparaît lors des éclipses lunaires suivie de ses chiens hurlants et menaçants. Entourée d’une clarté livide, elle porte une dague, un fouet sanglant et retentissant, ainsi qu’une coupe pour les sacrifices funèbres auxquels elle préside. Prodiguant richesses et prospérité à ses adorateurs, elle répand l'abondance et la fertilité ou inflige les plus horribles fléaux à l’humanité. Vengeresse du crime, elle siège au conseil des rois respectables et rend justice à leurs côtés. Elle octroie à son gré la gloire à qui lui plait, récompense le triomphe des guerriers, exauce les prières des voyageurs égarés et secoure les marins qui affrontent l’Océan déchaîné. On invoque la puissante Hécate pendant les accouchements, car Cronos, roi des Titans, lui a donné la noble mission de veiller sur la destinée des enfants. Bienveillante selon sa volonté, cette divinité crainte entre toutes, est vénérée aux carrefours et aux seuils des portes où l’on élève sa statue. On apaise cette redoutable déesse pendant les Hécatésies* par des offrandes nocturnes déposées en son honneur sur un autel. En ces lieux et à chaque nouvelle lune, les sorciers l’appellent sept fois à grands cris après lui avoir sacrifié une hécatombe de taureaux, de brebis noires et de chiens. Souveraine de la magie, des spectres et des terreurs nocturnes, cette déesse des ombres et de la lune, tourmente le sommeil des mortels qui ont provoqué son courroux. Aussi quand l’astre lunaire est dans son déclin, surgissent les Hécatées, fantômes effrayants qui épouvantent l’âme des mécréants. L’empire d’Hécate est immense et plus vaste encore est sa puissance car Zeus qui jamais ne renia ses pouvoirs, lui accorde les plus grandes faveurs et la comble d’honneurs !

 

* Hécatésies : fêtes et sacrifices en l'honneur d'Hécate que l'on faisait tous les mois à Athènes, ville de Grèce où l’on avait le plus de vénération pour cette déesse.

The Triple Hecate, 1795 - William Blake.


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27 février 2012

Charybde et Scylla, monstres marins du détroit de Messine

Scylla était autrefois une nymphe aimable qui inspirait de tendres sentiments à une foule de soupirants. Cependant, elle préférait se retirer dans son antre et se divertir en compagnie des néréides qui la chérissaient. Glaucus simple pêcheur, déposa, un jour de prise abondante, ses poissons sur le gazon du rivage. Aussitôt à terre, les poissons s'en retournèrent promptement dans la mer. Etonné de ce prodige, il goûta quelques brins de l'herbe enchantée et se sentit subitement attiré par l’onde profonde. Son corps se couvrit alors d'algues, se dépouilla peu à peu de son essence mortelle et se dota d'une queue de poisson. Glaucus prit l’aspect d’un vieillard à l'épaisse chevelure blanche et à la barbe humide. Ce nouvel habitant des eaux fut accueillit par Poséidon qui le compta parmi les divinités de l'Océan. Un jour pourtant, Glaucus aperçut la belle Scylla près de son rocher et l'admira. Touché par une indicible passion, il lui déclara son amour. Insensible, la nymphe le méprisa et s’enfuit dans son antre. Furieux et blessé, il se rendit au palais de Circé en implorant la déesse de rendre Scylla sensible à sa tendresse. Cependant, la redoutable magicienne s’enflamma pour ce nouveau dieu de la mer et lui conseilla d’oublier Scylla, mais Glaucus resta sourd aux avances de Circé. La déesse offensée se vengea cruellement en versant un poison dans l'eau où Scylla avait coutume de se baigner. A peine la nymphe mit-elle un pied dans la mer que tous ses attraits soudain disparurent. Son corps s’arma de douze bras aux griffes acérées. Sa taille s’entoura de six têtes de chiens aux gueules béantes pourvues de dents pointues et sanguinolentes. Effrayée d'elle-même, Scylla se précipita dans la mer et se transforma en un dangereux rocher où les vagues déferlent et s’écrasent dans un bruit assourdissant. Depuis ce jour, elle devint un terrible fléau qui épouvante les dieux et les mortels et fait trembler les nautoniers les plus chevronnés. Du creux de son rocher, elle sort ses horribles têtes et avale tous les vaisseaux et matelots qui passent près d’elle ! En face du rocher de Scylla, se trouve un abîme tumultueux nommé Charybde. Cette fille de Poséidon et de Gaia, fut foudroyée et métamorphosée en gouffre par Zeus pour avoir oser dévorer quelques bœufs du troupeau d’Héraclès. On dit que dans sa soif sans cesse renaissante et son appétit sans fin, la divine Charybde engloutit l’onde noire qui s'enfonce dans son abîme tournoyant, pour la vomir dans de terribles mugissements. Ces deux monstres marins qui habitent de part et d'autre du détroit de Messine entre Sicile et Italie, évoquent les courants impétueux des marées qui s’engouffrent en tourbillons rapides entre les rochers de cet étroit passage si célèbre par ses naufrages. Les marins qui s'aventurent sur ces périlleux rivages et tentent avec effroi d’échapper au gouffre écumant de Charybde, tombent assurément dans les bras dévorants de Scylla !

 

Le proverbe Tomber de Charybde en Scylla, usité chez les anciens, signifie tomber d’un péril dans un autre.

Glaucus et Scylla - François Chauveau - 3e quart 17e siècle 


MAGIE VERTE, les herbes et les arbres enchantés


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1 décembre 2011

Les druides et le gui sacré de chêne

La cérémonie de gui de chêne, qui était le plus solennel des actes de religion chez les druides, se faisait la sixième nuit du solstice d’hiver au commencement de chaque année. Vêtu de blanc et couronné de feuilles de chêne, un druide montait sur l’arbre désigné par la faveur des dieux et coupait le gui divin avec une serpe d’or. Tout en prophétisant, les autres druides recueillaient le gui sacré dans un drap blanc sans qu’il ne touche jamais terre pour qu’il conserve toutes ses vertus. On prétendait que ce végétal apportait fécondité, chassait les malédictions et purifiait les âmes. Il était aussi un remède à tous les maux et un antidote pour les poisons les plus redoutables. Jadis, le gui de chêne se vendait, disait-on, au poids de l'or. Mais ce qui est remarquable, c'est qu'on ne trouve que rarement le gui sur le chêne. Cette rareté faisait que cette plante était, autrefois, en profonde vénération et qu’on lui attribuait des pouvoirs extraordinaires pour la guérison des maladies, qui donnait lieu aux grandes cérémonies druidiques. Aujourd’hui, le gui, qui a perdu de son antique renommée, est tombé en désuétude et n’est plus guère employé. Cependant, cette plante parasite qui enlace les arbres mais dédaigne la terre, enorgueillit les arbres de son éclatante verdure et de ses fruits quand le rude hiver attriste toute la nature. Le gui reste un grand mystère mais il fait partie des charmes de l’hiver !

La Druidesse par Alexandre Cabanel, 1868.

"The Chief Druid" from "Mona Antiqua Restaurata", 1723.

 


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29 novembre 2011

Les Hamadryades et le chêne

Ces nymphes révérées, à l’abondante chevelure ombragée de verdure, habitent l’écorce des chênes vénérables. Le sort des hamadryades que l’on nomme aussi Querculanes*, est lié corps et âme et pour l’éternité à l’arbre auquel elles sont attachées. Mais on prétend que ces nymphes qui ne peuvent survivre à leur arbre, s’en détachent quelquefois pour goûter aux plaisirs de l’amour. Ainsi, Chrysopélée, sur le point de périr avec son chêne que la violente crue d’un fleuve menaçait d’emporter, supplia Arcas, fils de Zeus et de la nymphe Callisto, qui chassait sur ses terres, de l’aider. Il lui accorda cette faveur en construisant une digue, détournant ainsi le cours des eaux qui endommageait les racines de son arbre. Chrysopélée reconnaissante, couronna Arcas de feuilles de chêne et s’unit tendrement au roi d’Arcadie. Emblèmes de force et de longévité, les chênes qui ornaient la forêt de Dodone étaient consacrés à Zeus. Au pied d’un de ces arbres, qui avaient pour vertu de rendre les oracles, jaillissait une source intarissable. Dans le murmure de l’eau et le bruissement du feuillage que le zéphyr et les hamadryades animaient de doux frémissements, les prophétesses interprétaient les paroles du dieu tout puissant. Cependant, si un chêne était frappé par la foudre et que ses branches étaient battues par les tempêtes et les vents, s'annonçaient alors les plus funestes prédictions !

* Querculanes : en poésie ce sont les nymphes protectrices des chênes. Le chêne étant le nom vernaculaire de nombreuses espèces d'arbres et d'arbustes appartenant au genre Quercus.

Hamadryades - Félicien Rops, 1833/1898.
 

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23 octobre 2011

L’hamadryade Deoia et le redoutable Erysichton

Deoia était une hamadryade chère à Déméter, née dans l’écorce d’un chêne d’une splendeur sans égal planté au milieu d’une forêt épaisse habitée d’arbres immenses consacrés à la déesse. Sous ses rameaux parés de bandelettes et d'offrandes, les dryades se rassemblaient les jours de fêtes pour danser d’un pas léger et enlacer l'arbre au tronc vénéré. Un jour pourtant, le redoutable Erysichthon, prince Thessalien qui méprisait les dieux et leur culte, entreprit avec ses hommes à l’allure de géants de raser à coups de hache l’antique forêt de Déméter et le chêne qu’elle aimait tant. Soudain, sous les coups des cognées, une voix tremblante et gémissante sort du creux de l’arbre et demande au profanateur de cesser, mais l’arrogant achève son crime. Le chêne meurtrit fait craquer ses grands bras, s’ébranle et tombe, entraînant avec lui tous les arbres de la forêt. Devant ce sacrilège odieux et cette impiété, Deoia arrachée à la vie prédit à Erysichthon le plus terrible des châtiments. Les dryades en deuil, épouvantées par la mort de leur sœur bien-aimée, conjurent Déméter de les venger. En proie à une grande colère, l’immortelle exauce leurs prières et veut livrer le prince cruel à l’audace criminelle, à la Faim dévorante et éternelle. La déesse nourricière en appelle à une vaillante oréade pour accomplir sa vengeance puisque selon les lois du Destin, la Faim et Déméter ne peuvent se trouver, et l'instruit en ces termes : « Il existe aux confins de la Scythie, une région désolée où rien n’a jamais germé. Va sur mon char ailé et trouve la Faim aux flancs desséchés qui habite avec le Froid, la Pâleur et la Fièvre et transmet mes ordres à l’horrible déesse. Puisse-t-elle s’installer dans les entrailles du perfide et triompher de mon pouvoir et de mes bienfaits ! ». L'oréade monte sur le char de Déméter attelé de rapides dragons volants et s’élève dans les airs en se laissant porter par les vents. Elle arrête sa course sur le mont Caucase et aperçoit le visage pâle et exsangue de la Faim, la bouche avide remplie de dents aigües. Son corps décharné aux os pointus rampe sur le sol à la recherche de quelques brins d’herbes fanés. N’osant s’approcher, l'oréade légère lui adresse du plus loin qu’elle peut la prière de Déméter. A peine son message est-il délivré qu’elle ressent déjà dans son corps l’aiguillon de la Faim. Elle remonte en hâte sur son attelage et s’en retourne avec agilité dans les vertes prairies des plaines de Thessalie. La Faim déploie ses ailes, s’envole et quitte sa contrée aride pour accomplir ses sombres desseins. Elle trouve Erysichthon endormi, étend son ombre au-dessus de l'impie, l’embrasse et répand au plus profond de ses entrailles une insatiabilité perpétuelle. On dit qu’à son réveil, torturé par une voracité sans fin et un rongé par les tourments de la Faim que rien ne pouvait satisfaire, Erysichthon engloutit et épuisa toute ses richesses et devint si famélique qu’il se dévora lui-même !

The Hamadryad - Emile Jean Baptiste Philippe Bin, 1870.

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21 septembre 2011

La déesse Perséphone en automne

Dans le clair-obscur lunaire, la déesse antique Perséphone ouvrira la porte des Enfers avec un rameau de gui, pour rejoindre Hadès son mari. Quand cette divinité disparaîtra dans sa sombre demeure, les semences resteront sous terre pendant les longs mois d’hiver !

Proserpine/Persephone - Dante Gabriel Rossetti, 1874.

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